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Interview de Frédéric Delavier par SuperPhysique




Super Vitamines

Frédéric Delavier est l’auteur du Guide des mouvements de musculation, le best-seller mondial qui s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires dans le monde.

Nous allons découvrir qui se cache derrière ce personnage assez peu médiatique malgré son énorme succès, d’où vient-il ? Que fait-il ? Quels sont ses projets ?

Encore une fois, vous pouvez écouter l’interview grâce au lecteur ci-dessous (mettez un casque ou montez fortement le son).

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1 – Qui est Frédéric Delavier ?

Je suis né en 1967, j’ai donc 42 ans.

Je me sure 1m76 et demi, j’ai un peu diminué avec l’âge, je me suis tassé. J’étais plus grand quand j’étais jeune. Et je pèse actuellement 84 kg.

J’ai commencé la musculation en complément du judo, je devais avoir 16 ans si je me souviens bien.

J’ai fait pas mal de sport : de la natation, du judo, du jiu-jitsu, un peu de rugby mais alors je n’étais vraiment pas bon, je n’étais pas assez agressif.

Par contre, au judo, j’étais bon, j’étais fort. J’ai été jusqu’à la ceinture verte parce qu’on passait les ceintures très lentement. J’en ai fait cinq ans. J’ai fait quelques compétitions dont le Championnat de Paris, j’avais fini deuxième. Je me souviens que j’avais perdu pour “non-combativité”. En fait, je bloquais les mecs et les empêchais de rentrer. J’attendais qu’on m’attaque mais il ne m’attaquait pas.

Ensuite, j’ai fait de la musculation et du jiu-jitsu, en plus du judo. Et progressivement, j’ai trouvé que le jiu-jitsu était beaucoup plus sympathique que le judo. Mais c’était du jiu-jitsu optique combat de rue, un peu comme le free fight mais avant le free fight. J’avais un professeur qui était excellent. J’en ai fait trois ans.

J’ai donc arrêté progressivement le judo et j’ai continué le jiu-jitsu en parallèle de la musculation. J’ai fini par ne plus faire que de la musculation parce que j’étais fort, c’est pour ça qu’après j’ai fait de la force. Comme je voyais que j’avais plus de résultats en force qu’en volume, je me suis lancé là-dedans.

2 – Pourquoi la musculation ?

Mon père a tout le temps fait de la musculation. Il était international au lancer de javelot et il aimait bien la musculation. Il y avait toujours des haltères à la maison donc je m’y suis mis assez jeune.

J’ai commencé directement en salle. Première séance, je me souviens avoir réalisé 90 kg au développé couché mais il faut dire que je faisais déjà des pompes chez moi, ce n’est pas comme si je n’avais rien fait.

Frédéric Delavier : interview de légende
à 18 ans

Au départ, mes objectifs étaient simples. Je voulais être fort et musclé, un peu comme Stallone, Schwarzenegger puis après Van Damme.

Je progressais bien, les muscles venaient mais j’avais beaucoup plus de résultats en force. Je suis monté vite lourd. J’ai rapidement passé 200 kg au soulevé de terre, au squat 150-160 kg…

J’ai fait des compétitions assez rapidement. C’était à l’époque des gymnases club et j’ai rencontré Max Lozon qui faisait de la force athlétique. Je me suis alors entraîné avec lui et comme il a vu que je progressais vite, j’ai vite fait de la compétition.

J’en ai fait pendant trois ans, de 20 à 22 ans quand j’étais donc junior. 

Au départ, je m’entraînais au gymnase club et après je suis allé à Vincennes (94), l’ancienne salle de Fred Mompo qui était aussi dans l’équipe. C’est là que Lozon m’a présenté Marc Vouillot et que j’ai rejoins l’équipe où il y avait donc Mompo, il y avait aussi Marie Sainte qui avait un super couché…

Jean Pierre Brulois venait parfois s’entraîner avec nous aussi, mais comme il habitait Lille (59), on ne le voyait pas souvent.

Après, on est passé au Weider Gym où j’ai rencontré Michael Gundill qui s’entraînait à l’époque en bodybuilding et qui avait déjà des grosses cuisses.

3 - La force athlétique ou powerlifting

Au moment où j’ai démarré les compétitions, la première année, je suis directement passé national. Je ne me souviens plus si c’est la première ou la deuxième année où j’ai fait quatrième au Championnat de France. L’année suivante, j’ai fait deuxième ensuite, mais j’étais plus fort proportionnellement quand j’avais fini quatrième que deuxième.

Parce qu’en fait, je grossissais chaque année. J’ai commencé en catégorie - 82,5 kg pour finir en moins de 100 kg deux ans après.

J’avais un bon squat parce que j’avais un gros ventre et que grâce à lui, je ne m’écroulais pas en avant. Je n’étais pas fort en cuisses mais j’étais fort en fessiers. J’avais une très mauvaise position et plus je grossissais, plus mon ventre m’empêchait de tomber en avant. Ça faisait un point d’appui, le ventre sur les cuisses. On va dire que ce n’était pas hyper esthétique, évidemment.

Les entraînements, c’était une ambiance power. On passait tous au squat le même jour, chacun son tour. On avait deux cages à squat, on faisait tous nos progressions en même temps et après on avait le soulevé de terre. C’était sympa, il y avait une bonne ambiance surtout à l’ancien Weider Gym qui était Quai d’Austerlitz (75).

C’était assez cool. Il y avait les gros culturistes d’un côté, c’était une ambiance assez particulière, trash. C’était l’apogée du bodybuilding hardcore en France. Et quand je dis hardcore, c’était les seringues dans les vestiaires, les mecs avec des chancres partout, les doses de stéroïdes non contrôlées. Les mecs prenaient tout ce qu’ils trouvaient !

Nous en powerlifting, on ne prenait rien. Marc Vouillot était contre donc normalement aucun des mecs de l’équipe ne se chargeait. Après, je doute sur certains mais ça ne reste que des doutes. Mais à mon avis, au club de Viry-Châtillon (91) où on s’entraînait, je ne pense pas qu’il y en ait qui en ait pris à l’époque. Ça se serait tout de suite vu sur les barres.

C’est vraiment après que les performances ont augmenté. C’est-à-dire qu’au début de la force athlétique, les mecs étaient à 240-250 kg et quand il y avait un mec à 300 kg, c’était phénoménal. Et après, tous les mecs étaient au-dessus de 300 kg, d’un coup. Donc là, on peut évidemment se poser des questions.

En compétition, mes meilleures performances ont été 265 kg au soulevé de terre, au squat 250 kg mais je m’étais blessé à l’entraînement et 155 kg au développé couché. Je tirais sans matériel et j’étais donc en junior.

Je mettais des bandes quand même mais je ne les serrais pas. Je n’arrive pas à travailler avec des bandes serrées, je tire même sans ceinture en général. C’était donc déjà pas mal pour moi. Je n’arrivais pas à mettre le matériel et puis à l’époque, de toute façon, il n’y avait pas de combinaisons pour le squat et le soulevé de terre, c’était quand même le début.

À l’entraînement, je suis monté à 210 kg en séries de 10 au soulevé de terre jambes tendues mais au soulevé de terre normal, je ne fais pas plus de 230 kg par 10. Je suis presque aussi fort parce que j’ai des fessiers. J’ai un buste court, des grandes cuisses et des gros fessiers donc quand je me penche en avant, je n’ai pas trop de porte-à-faux, c’est une question de levier.

C’est comme si j’avais une barre moins lourde par rapport à un mec qui aurait des cuisses “courtes” comme Michael bien qu’il soit plus grand, qui a des cuisses proportionnellement plus courtes. Il aura plus de mal alors qu’au squat, il est sûrement plus facile, en tout cas au moins en volume.

Et sinon, ma meilleure performance, c’est mon arrachement du biceps avec le pneu d’Ivan Wierzchanowski au salon Body Fitness alors que Michael a réussi, ce qui m’a particulièrement énervé !

Au développé couché, mon record est de 175 kg. J’ai tout fait, je parle naturellement pour essayer de monter plus haut. Sans stéroïde quoi, parce qu’évidemment avec, tu peux monter beaucoup plus haut. J’ai donc tout essayé et je n’ai pas réussi à dépasser 175 kg.

Au soulevé de terre, je suis monté à 240 kg en série de 5 sans ceinture. Je me souviens, il y a deux ans, j’avais fait 275 kg, toujours sans ceinture. Enfin, à la Trap Bar, c’est-à-dire en démarrant d’un peu plus haut, là je suis à 300 kg. Mais la Trap Bar, c’est la Trap Bar, ce n’est pas pareil.

4 - Ton récent passage au culturisme

Quand j’ai vu que je plafonnais au niveau des performances, que ce n’était plus amusant du tout, je me suis mis au bodybuilding, à vouloir faire du muscle.

Disons que maintenant, je ne cherche plus à monter en charge sur des séries de 5, 3 voir des maxi. J’essaie d’avoir la bonne sensation sur une série plus ou moins longue, ça dépend.

Quand j’ai commencé à faire du bodybuilding, il y a deux ans et demi, j’avais énormément de mal à congestionner. Je ne sentais rien, et j’avais vraiment l’impression de ne rien faire.

Heureusement maintenant, dès que je commence à bouger un peu, j’ai les muscles qui commencent à gonfler. Et là, je trouve ça amusant. La sensation, c’est tout autre chose quoi.

Mais j’ai bien mis un an, un an et demi pour sentir quelque chose, pour avoir le changement. Pendant ce temps, je voyais des transformations mais je n’avais aucune sensation.

C’est là que je me suis aperçu que ce n’est pas vraiment le même sport, surtout qu’en plus, il faut travailler tous les muscles.

Avant, je faisais bien des mouvements d’assistance mais en vue des trois mouvements. Je me disais, je vais essayer de progresser sur quelques mouvements un peu débiles du genre le ramassé de barre en supination le plus lourd possible ou bien des tractions à la barre fixe avec du lest.

Je n’ai pas de répartition type d’entraînement et je ne note pas mes entraînements. Je sais à peu près ce que je vais faire avant d’aller à la salle mais j’essaie surtout d’avoir des temps de repos sur les groupes musculaires comme par exemple de ne pas faire des dorsaux lourds le lendemain des biceps. C’est un truc à se blesser.

Frédéric Delavier : interview de légende
5 mois après une déchirure au biceps

Je m’entraîne en général tous les jours sauf si j’ai prévu un restaurant avec une amie, là, je suis obligé de m’arrêter.

Au niveau diététique, je fais maintenant main basse sur les glucides. Je mange pas mal de protéines et je ne grossis pas trop aux lipides. Par contre, je n’ai pas besoin de beaucoup de glucides. J’ai une diète type :

Le matin, je prends du lait de riz avec des corn flakes. Le lait de riz, je ne l’ai que cinq heures après tandis que j’ai les corn flakes directement. C’est pour moi l’équivalent du Vitargo. Avec ça, je prends deux cuillères de protéines en poudre, entre 30g et 50 g avec de la créatine, un petit morceau de pain complet et enfin un œuf.

Après à midi, enfin ce n’est pas vraiment midi car je me lève autour de 14 h. C’est particulier, c’est la vie d’artiste, je travaille l’après-midi chez moi, je vague à mes occupations, je vais chez mon éditeur, en librairie et avant l’entraînement, je prends une trentaine de grammes de protéines en poudre ou je mange un peu comme des sushis, des trucs comme ça. J’évite le riz quand même.

Après l’entraînement, je prends des BCAA. Et je prends parfois un peu de glucides avant l’entraînement. Pendant, je n’en prends pas car je n’en ressens pas le besoin. Après l’entraînement, encore des BCAA.

Le soir, enfin, je me prends un gros steak ou un poulet au four avec de la salade. Pas trop de légumes et enfin encore un petit morceau de pain. La misère quoi !

Ça fait donc 3-4 repas, je rajoute parfois un peu de BCAA le soir, des protéines en poudre… Je mange aussi des pommes de temps en temps.

En supplément, je prends donc des protéines en poudre, de la créatine, des BCAA, des oméga-3, de l’huile de bourrache. Ça, c’est bien parce que j’avais des dartres au visage et elles sont parties donc c’est efficace. Je prends aussi de la vitamine E, du Zinc (ça marche bien sur moi), du calcium, du magnésium et de la mélatonine avant de dormir.

Le problème, c’est que je dors très bien mais que je ne trouve pas le sommeil. Quand j’ai envie de dormir, je prends donc de la mélatonine et un quart d’heure après, je vais au lit. Je peux m’endormir vers les 6h30-7h du matin et comme ça, je dors jusqu’à 14h30-15h.

5 – Ton best-seller mondial

Il faut reconnaître à Lucien Demeillès un truc assez génial. C’est d’avoir fait des petites planches et d’avoir indiqué en rouge les muscles qui travaillaient. Ça parait très con au premier abord mais personne n’avait eu l’idée de le faire. Ça, c’était donc l’idée géniale de Demeillès. Son problème était que ses dessins n’étaient pas top.

Moi à la base, j’étais dessinateur. Je voulais être artiste, peintre comme Léonard de Vinci, Michel-Ange… Mais je me suis aperçu que ce n’était pas la bonne époque, qu’il aurait fallu que je naisse avant.

Frédéric Delavier : interview de légende
une de mes oeuvres


J’ai longtemps travaillé dans la publicité car je venais du réalisme. Je continuais à étudier en même temps. Puis après, j’ai fait des études aux Beaux-Arts de Paris (75) pendant neuf ans plus des cours d’anatomie.

Au début, à 18 ans, j’ai donc commencé à travailler dans la publicité, pour les magazines de jeux vidéos. J’avais une très bonne technique graphique, je savais utiliser le matériel mais je n’avais pas une science du corps humain. J’avais une science de la technique du dessin mais pas une science de ce qu’on peut représenter avec le dessin.

Après, j’ai vu qu’il me manquait quelque chose. De toute façon, il y eu la guerre du golf et les agences de publicité se sont écroulées. Je me suis retrouvé dans la merde financière, il a donc bien fallu que je trouve des moyens de m’en sortir.

J’ai étudié le corps humain. De toute façon, j’aimais bien comme je faisais de la musculation depuis mes 16 ans, c’était un truc que je connaissais un peu.

J’ai d’abord étudié tout seul en faisant des recherches personnelles. Et après, j’ai rencontré des amis qui étaient aux Beaux-Arts. Il y avait un super professeur, Jean François Debord qui était vraiment excellent.

D’ailleurs, Agnès Maupré, une de ses élèves, a écrit un livre (d’après les cours donnés par Jean-François Debord à l’École des Beaux-Arts de Paris de 1978 à 2003). Ça s’appelle Petit traité de morphologie et c’est aux éditions Futuropolis. C’est excellent, ce n’est pas du bodybuilding mais c’est une bande dessinée qui reprend l’anatomie et la morphologie, c’est donc intéressant pour tout ceux qui font de la musculation.

Parce que le propre d’un bodybuilder ou d’un pratiquant de musculation, c’est qu’il s’intéresse à la nutrition, au corps humain, à la morphologie… On n’est pas des cons. C’est un sport où l’on s’intéresse à pleins de choses.

Au départ, je voulais faire des planches, je voulais financer mes études. Je me suis dit, le temps que je perds aux études, il faut que je l’amortisse. Je n’avais pas d’argent, il fallait que je rentabilise tout ça. Je voulais donc faire des planches de musculation. J’avais vu les planches de Bruce Algra dans toutes les salles de gym, si vous connaissez, c’est celui qui avait illustré l’encyclopédie d’Arnold. Je voulais donc faire pareil.

Alors, j’ai rencontré Vigot. Mais avant ça, je travaillais pour le monde du muscle où je leur avais vendu une planche par mois. C’est comme ça que j’ai pu me faire la main au début et avoir l’idée du livre.

Mais les planches n’étaient pas un bon plan au niveau commercial. Ça n’aurait pas rapporté assez. J’ai rencontré Vigot car le monde du muscle ne voulait pas faire de livres puisqu’ils avaient Demeillès. Ça a été son tort et ma chance aussi car je ne pense pas que j’aurai été diffusé dans le monde entier avec Jibena. J’aurai été vaguement à la Fnac et puis c’est tout.

J’ai donc rencontré Christian Vigot avec qui on était parti sur l’idée de faire des planches puis il a rencontré les commerciaux de la Fnac qui lui ont dit que les planches n’allaient pas se vendre mais qu’un livre serait plus sympathique. On a donc décidé de lancer un livre en reliant toutes les planches.

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Le livre est sorti assez rapidement. C’était il y a onze ans en 1998. Six mois après la première édition, j’avais corrigé tous les dessins car il y avait des horreurs. J’avais fait ça rapidement au début et avec la deuxième édition, j’avais tout redessiné, c’était largement plus acceptable.

Ensuite, d’année en année, on en a vendu de plus en plus. La première année, Vigot était super content, on en avait vendu 10 000, c’était fabuleux. La deuxième année, c’était génial, on en avait vendu 20 000…

Après, il a commencé à être traduit. D’abord en l’Italien mais ça n’a pas trop marché. Par contre, en Allemagne, on a cartonné. Et là, quand ça a cartonné en Allemagne, les américains ont acheté et ça a explosé. Je suis devenu le numéro un aux États-Unis dès que je suis sorti dans la catégorie musculation-fitness. Je crois aussi que j’ai été numéro un du sport en général à un moment, devant le baseball et tout, c’est pas mal quoi.

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À chaque édition, je refais le livre, je refais les dessins. En mars, pour le salon du Body Fitness de Paris (75), une cinquième édition va sortir avec 48 pages de plus. Dans la quatrième édition, j’avais commencé à mettre les blessures que je voyais autour de moi comme ça faisait longtemps que j’étais dans les salles de musculation.

En force athlétique, je voyais les mecs se blesser, qui s’arrachaient des biceps, je voyais comment les mecs en salle se faisaient mal. Et en même temps, je lisais des livres de médecine. Il n’y avait pas encore à l’époque tous les sites internet médicaux avec les blessures et tout. Ainsi, j’ai été un des premiers à parler de la déchirure du biceps. Il n’y avait aucun magazine qui ne l’avait traité jusque là.

Au départ, quand j’ai sorti mon livre, j’ai continué en même temps à travailler pour le monde du muscle. Ça me rapportait environ 150 euros par mois ce qui n’était pas assez pour vivre. J’avais le RMI, 150 euros et quelques boulots au black donc ce n’était pas assez. Je faisais passer les 150 euros sur une association mais ça ne suffisait pas pour manger, je ne pouvais pas manger de la viande tous les jours.

Là, maintenant, ça va faire 11 ans que je vis du livre. Depuis, j’ai sorti quatre livres avec Michael Gundill et quatre autres devraient sortir en mars pour le salon de Paris (75).

Il y aura bien évidemment la Méthode Delavier 2 (pour le bodybuilding) qui complètera La Méthode Delavier de musculation chez soi, le stretching qu’on a fait avec Jean-Pierre Clémenceau. Il y aura donc aussi la cinquième édition du guide des mouvements de musculation et enfin le guide des boosters sexuels qui est une idée de Michael.

En fait, c’est Vigot qui nous en parlé en premier. Comme nous avons fait tous les guides des compléments alimentaires pour occuper le marché que ce soit le Guide des compléments alimentaires pour sportifs, le Guide des compléments alimentaires pour maigrir, le Guide des compléments alimentaires anti-âge, là, on va faire le guide des boosters sexuels pour avoir tout le marché. On rentre là où on peut rentrer.

C’est une démarche commerciale mais cela reste des livres de bonne qualité. Notre principal avantage par rapport aux autres livres est de ne pas mentir. C’est-à-dire qu’on dit ce qui marche et ce qui ne marche pas. C’est ce qui peut décevoir les gens de voir que la plupart des compléments alimentaires ne marchent pas. Mais il y en aussi qui marchent, quelques-uns.

À part ça, j’ai fait aussi deux livres pour femmes qui sont Exercices pour une belle ligne et Fitness : une silhouette de rêve à la portée de toutes les femmes avec Jean-Pierre Clémenceau qui a un peu supplanté mon livre en France. Mais mon livre Exercices pour une belle ligne reste très fort aux États-Unis.

C’est avec le Guide des mouvements de musculation, mes deux livres traduits en américain pour l’instant. On attend le troisième sous peu là.

Sachant que le Guide des mouvements de musculation est tout le temps premier en catégorie fitness depuis 10 ans puisqu’on est à plus d’un million d’exemplaires vendus rien qu’aux États-Unis, ce qui est pas mal pour une vente française.

Sinon, une anecdote sympathique. Il y a deux ans au Fibo, on discutait avec le responsable du stand Universal Nutrition et on parlait d’Evan Centopani en disant qu’il avait une super ligne, des bras phénoménaux, on discutait avec le mec du stand et Michael traduisait puisque je ne parle pas anglais. Et Evan se rapproche et le responsable lui dit que c’est moi qui ai fait le livre. Et là Evan n’en revenait pas et m’a demandé de faire une photo avec lui. Il a débuté avec mon livre et tout. Ça m’a fait plaisir parce que les nouvelles générations de bodybuilders professionnels ont grandi avec mon livre. Pas les anciens comme Flex Wheeler ou Dorian Yates qui ne me connaissent pas du tout mais les nouvelles générations ont débuté avec ça. C’est marrant, ça fait plaisir.

Chaque été, je navigue en Hongrie. C’est la transhumance, il fait beau, il y a la piscine, c’est agréable. Il y a une bonne qualité de vie, on mange bien et j’ai ma maison à côté d’un petit village frontalier à la Roumanie et c’est vraiment très agréable.

Les salles de musculation sont modernes, ça rappelle un peu l’Amérique niveau ambiance. Elles sont bien équipées, souvent avec la marque Atlas®. Il y a du matériel de force et toutes les machines que l’on veut. Donc je m’entraîne là bas l’été et j’y retourne un mois l’hiver parce que c’est agréable aussi, j’aime bien partir là bas et repasser par l’Autriche où je vais faire du ski avec des amis.

Autrement, je suis sur Paris (75) et Fontainebleau (77) où j’ai une propriété en forêt que j’ai acheté avec mes droits d’auteur et où j’ai ma salle de gym où je m’entraîne.

Sinon, je ne suis pas encore marié mais on essaie ! J’ai aussi un 4x4 et une Rolex. ;-)

D’avoir réussi ne vide pas les problèmes existentiels mais il faut dire que c’est agréable de ne pas avoir à compter quand on va au supermarché, de pouvoir manger de la viande quand on veut. Je vais au restaurant quand j’ai envie. Je ne parle pas d’aller chez Maxim’s mais bon, les restaurants classiques, j’y vais quand j’en ai envie.

C’est donc agréable, vraiment. Mais vous vous apercevez que le monde change autour de vous. J’ai découvert ça et je ne suis pas le seul, c’est qu’il y a beaucoup de jaloux, d’anciens amis, de la famille. Au départ, j’ai cru que c’était juste moi et puis je me suis aperçu que c’était un truc vraiment classique.

Quand on part d’en bas, parce que j’étais vraiment pauvre et quand je dis ça, ce n’était pas une blague. Je faisais parti des déclassés quoi. J’appartenais en France à un milieu de haut fonctionnaire mais mon père avait dépensé tout son argent avec les femmes et il n’y avait rien à manger à la maison. J’étais à la rue.

J’avais une façon de parler, une certaine culture, entre guillemets, ça n’a rien d’exceptionnel mais qui m’a permis de m’en sortir. C’est d’avoir un bon français, de savoir mettre mes idées au clair sur le papier.

J’ai été en Hongrie parce qu’à la base, j’avais une copine hongroise avec qui j’ai vécu sept ans quand j’étais jeune. De fil en aiguille, je suis allé en Roumanie parce qu’elle était hongroise de transylvanie, qui était à l’époque opprimée, ce n’était pas longtemps après la chute de l’empire soviétique. C’était un peu folklorique à l’époque, maintenant ce n’est plus comme ca.

Enfin, j’allais la bas, c’était au moment ou il découvrait la musculation. C’était un peu délirant, des salles s’ouvraient de partout, les mecs chargeaient à fond.

Donc j’ai été la bas parce que ma copine était de transylvanie. J’ai fait Budapest et la j’ai rencontré pas mal de powerlifters.

Dans un village, j’ai rencontré un fabriquant de machine qui était vraiment sympathique et je me suis alors installé avec ma copine. Je suis devenu le français du village. Je parle un peu hongrois mais comme un chinois au restaurant quoi. Rien d’exceptionnel mais assez pour se faire comprendre et se faire des amis.

En même temps que je sortais mon premier livre, j’ai sorti un magazine sur le powerlifting qui s’appelait Powermag. Ça n’a pas marché parce qu’au début à la fédération, ils étaient contents, on ne parlait que d’eux puis quand on a commencé à parler des autres fédérations, ils nous en ont voulu. Ils ont commencé à baver sur nous, il faut dire que c’était un énorme travail. Ils nous ont fermé des portes, il y avait une espèce de jalousie.

Frédéric Delavier : interview de légende

Quand on a arrêté, ils ont repris un journal qui n’était pas assez bon, parce qu’il n’y avait pas les idées. Il faut quand même s’investir dedans. On a arrêté après cinq numéros parce que ça me coutait plus cher que ça ne me rapportait et avec mon budget, ce n’était pas le top. Et puis Florence Ghibellini avec qui je faisais le magazine a arrêté d’un coup alors j’ai aussi arrêté, c’est la vie.

On faisait beaucoup d’efforts. Certains croyaient même que c’était un bouquin américain traduit. La qualité était vraiment bonne et puis j’avais des relations. Il y avait des russes qui faisaient des articles pour moi, il y avait des mecs sympathiques sur les fédérations. Mais comme je t’ai dit, il y a eu de la jalousie au sein de la direction de la fédération. Celui qui était responsable du powerlifting en France était très sympathique mais en haut, il y avait une espèce de jalousie, il y avait aussi des problèmes financiers… La fédération était dans le rouge, il y avait des luttes de pouvoir… Ce n’était pas une bonne ambiance et ce n’était pas amusant d’évoluer dans ce milieu là.

Alors qu’à l’Est, les champions russes, hongrois… étaient vachement accessibles et super sympathiques. En France, à part une petite partie de powers, il n’y avait pas une super ambiance.

6 – Le spécialiste des blessures

Alors les blessures, je suis le spécialiste. J’ai tout testé !

Je me suis arraché un biceps mais il s’est bien remis. J’étais étonné. Là, 6 mois après, je refais des séries de 50 tractions, c’est bon quoi. Il est un peu plus court mais ça ne se voit pas trop.

Frédéric Delavier : interview de légende
après l’opération du biceps

Je me suis arraché plusieurs fois les pectoraux mais des micro-déchirures au développé couché. Je suis vite limité à partir de 160-165 kg. J’ai les avant-bras beaucoup trop long donc quand je descends, je tire beaucoup dessus. C’est ce qu’on explique en morphologie. Alors que les gars qui sont bons au développé couché ont en général des avant-bras courts ce qui fait qu’ils peuvent faire un développé couché sans risque.

Je me suis aussi un peu arraché l’infra-épineux, à moitié. Il y avait une climatisation qui marchait à fond dans la salle et ce jour là, moi et un pote, on s’est arraché l’infra-épineux. On faisait tous les deux du développé couché et on a entendu “crac”. Bon, il s’est remis un peu plus loin, je ne me suis arraché que la moitié.

Je ne fais pas d’inflammation alors ça va. Ça veut dire que je n’ai pas de douleur qui persiste.

Qu’est ce que je me suis fait d’autre ?

Je me suis arraché des morceaux d’adducteurs. Un coup, je me suis arraché un morceau de la patte d’oie à l’insertion au niveau du genou.

Je me suis arraché deux fois le biceps parce que je m’étais déjà arraché à l’intérieur. Je me suis aussi déchiré des morceaux de triceps vers le haut, pas bien graves, que des petites déchirures qui se remettent en dix jours et ou je reprends ensuite doucement.

En même temps, ca permet de se reposer, de varier les routines. C’est l’avantage des blessures.

Les épaules, je n’ai pas eu vraiment de blessures parce qu’elles ne sont pas vraiment mobiles. Donc je n’ai pas eu le syndrome classique du sus-épineux qui frotte sur la voute acromio-claviculaire. Comme je suis un peu raide, elles ne bougent pas trop.

Qu’est-ce que j’ai eu encore ?

Pas de blessure aux mollets, je n’en ai pas. :-) Je me suis déchiré les vastes externes, les fessiers, les ischio-jambiers aussi. Mais mes plus grosses blessures restent quand même les adducteurs et le biceps.

Les adducteurs, c’était au squat après un voyage où j’allais en Hongrie. Je venais de faire 1200 kilomètres et je me suis entraîné le soir même à la salle de gym. J’étais jeune et fou ! Je venais de faire dix heures de voiture et j’ai été faire mon squat. Ce n’était pas le temps pour aller s’entraîner, j’étais insouciant quoi.

Je pense qu’à la base, j’ai un peu de prédispositions pour les blessures. J’ai fait le con mais j’avais des prédispositions. Je suis un peu tendu, un peu raide mais c’est pour ça que je suis fort aussi.

En général, quand on est raide, on est fort et comme en plus, j’ai des grands membres, c’est gênant parce que dès que je descends, je vais tirer sur un muscle, si je veux faire une bonne barre ou même un simple squat.

Alors que les mecs qui sont raides et courts en membres, ils risquent moins la blessure, même s’ils ont les muscles raides parce qu’ils ne vont pas tendre le muscle au maximum en descendant, ils restent un peu en raccourci. J’ai fait du stretching, j’en fais encore beaucoup mais je reste raide. Je ne suis pas une danseuse russe quoi.

Dans la méthode Delavier 2, on parlera surtout des différentes morphologies. C’est comment s’entraîner en fonction de sa propre morphologie.

Pour l’instant, ça n’a été indiqué nulle part. On voit des livres, depuis le début de la mode du bodybuilding où on parle de mouvements, de machines, de barres classiques… On peut s’entraîner avec du matériel qui est un peu partout le même dans le monde, on explique aux gens que le développé couché se fait comme ci, comme ça mais on n’explique pas que le couché, en fonction des morphologies, on le fait différemment, qu’il y a plus de risques d’un individu à un autre.

Même pour les épaules. Par exemple, le développé nuque, on te dit qu’il faut faire le mouvement comme ça mais il y a des mecs qui vont essayer de faire le mouvement pendant toute leur vie et qui ne vont pas y arriver et qui vont se niquer les épaules en descendant derrière la nuque. C’est un coup classique.

On voit des milliers de mecs qui disent qu’ils descendent derrière la nuque et on leur dit de descendre plus et le mec ne peut pas. C’est ridicule, si le mec descend, il va se blesser.

Par exemple, un mec large des épaules avec une bonne amplitude de mouvement des omoplates et avec des bras relativement courts, lui, ce gars va pouvoir faire du développé nuque sans problème.

Alors que vous prenez un autre gars, étroit d’épaules avec les omoplates qui ne vont pas pouvoir beaucoup bouger, avec des longs bras comme moi, il ne va pas pouvoir descendre la barre derrière la nuque.

C’est parce que j’ai vu des gars qui me disaient de descendre plus bas que j’ai compris certaines choses. Je n’y arrivais pas, ça m’énervait et j’ai compris après que certains arrivent à faire certains trucs et d’autres non.

Tout ça sera dans la méthode Delavier 2, la meilleure du monde :-)

7 – Le Dopage

Je ne vais pas mentir parce que j’ai horreur du mensonge.

Je tiens à préciser que j’ai fait toutes mes compétitions sans stéroïde. J’ai fini deuxième au Championnat de France et je n’ai pas fait d’International parce que je me suis abimé une épaule, l’acromio-claviculaire, rien de grave mais à force d’enchaîner les compétitions, comme j’avais un bon niveau, je rapportais des points au club. Et grâce à ça, il avait des subventions régionales et après d’État. Donc, on me mettait dedans pour une histoire de gros sous, entre guillemets parce qu’on n’est pas chez les professionnels du football américain ou du football français. Donc tout ce surmenage a fait que je me suis blessé à l’épaule et ensuite j’ai arrêté les compétitions.

Et après quand même, j’ai vu qu’il y avait des mecs qui étaient forts. Je me suis demandé comment ils faisaient. Les mecs devaient se shooter quoi. Alors j’ai testé. Je me suis dit, je vais voir, maintenant que je ne fais plus de compétitions, je vais voir les effets des stéroïdes sur les performances et là, objectivement, je suis parti de 150 kg au développé couché (j’étais déjà monté à 155 kg en compétition) et en 3 mois, je me suis retrouvé à 10×150 kg avec du Dianabol® quoi.

Je trouve ça honteux les mecs qui se disent naturels et qui sont chargés. Le gros problème de ces trucs là, c’est que c’est hormonal, même si tu ne prends pas d’hormones de croissance… Moi, j’ai testé comme ça, pour voir.

Un autre problème, c’est qu’à petit niveau, dès que tu arrêtes, tout repart. J’ai réessayé tout seul, sans rien prendre de retrouver ce que je faisais au niveau performances, je n’ai jamais réussi. J’ai fait 175 kg au développé couché 10 ans après quoi. Alors qu’avec 10×150 kg, je faisais sûrement beaucoup plus. C’était quand même pas mal pour un mec de 23 ans.

Donc en gros, faut en prendre tout le temps si tu veux garder ta masse. Ce n’est pas amusant. C’est efficace mais le problème quand tu arrêtes, quand tu en as pris un peu trop, c’est les problèmes hormonaux. On est vaguement en dépression, on fait des œstrogènes, de l’hormone femelle, on “aromatise” comme on dit dans le milieu.

Donc quand vous passez devant un magasin où vous voyez des vêtements, vous avez envie de les toucher, d’essayer les jeans… Vous voyez un enfant, vous avez envie de pleurer, de le prendre dans vos bras… Donc ça fait des changements qui ne sont pas top pour un mec quoi. On va éviter.

8 – La suite des aventures

En projet alors : une piscine ! Une Rolls ! Non, je rigole :-)

J’ai beaucoup de projets. Là, avec Michael, nous préparons un livre sur les abdominaux. C’est pour occuper le marché. De toute façon, c’est un sujet qui est intéressant parce qu’on va traiter des blessures, des mouvements qui abîment, des mouvements qu’il faut faire, les mythes, les mensonges… avec toujours beaucoup de dessins.

Après, on va faire un livre de questions-réponses pour les étudiants qui passent le brevet d’État. On va faire des questions-réponses avec des dessins à colorier, un truc très simple mais qui va permettra aux étudiants et aux coachs d’apprendre rapidement et intelligemment, de façon pragmatique la musculation et l’enseignement.

Ensuite, nous allons faire un livre sur la préparation physique pour les sports. Là, on va prendre le temps qu’il faut car il y a beaucoup de choses à dire et il faut faire beaucoup de photos.

On va déjà préparer toutes les photos à faire car on fait venir une star américaine pour les photos. On va tout organiser pour faire quelque chose de bon. Donc, on va déjà dessiner les photos, les noter, voir les angles sous lesquels elles doivent être prises pour ce que ce soit facilement compréhensible pour tout le monde.

Et encore après, je vais attaquer les photos pour les mecs qui font du strongmen parce que c’est un marché à prendre, surtout aux États-Unis. C’est déjà bien d’avoir le marché français mais si on ne compte que sur le marché français pour vivre, c’est dur. On vise plutôt le marché mondial.

Ça fait donc encore 4 nouveaux livres.

Après, on va voir si on a encore des trucs à dire. De toute façon, les idées viennent en travaillant et nous, on aime travailler. Mais il faut que ça reste un plaisir, on a quand même de la chance d’avoir un travail qu’on aime bien.

De mon côté, je prépare aussi un atlas d’anatomie artistique. Ce sera un livre d’une trentaine de pages. Je vais encore aux Beaux-Arts, pas pour prendre des cours mais pour faire des dessins de nu(e)s, parce que j’ai une copine qui est professeur d’anatomie, de morphologie (ils ont changé le terme après 1968 pour des raisons… c’est pareil).

J’y vais pour dessiner et parfois je suis ses cours parce que j’oublie certaines choses et qu’elle redonne tout dans ses cours magistraux. On dessine beaucoup à partir des modèles et on étudie en même temps. Ça me permet de garder la main et d’avoir des automatismes quand je dessine.

C’est tout le temps intéressant. De toute façon, je continue tout le temps à étudier, c’est le but. Je fais des recherches sur Internet, je récupère de la documentation… Maintenant, l’avantage, c’est qu’avec Michael, on se partage le travail.

En général, on parle des livres tous les deux et ensuite on divise le travail. On fait le plan, on essaie de ne rien oublier. Et après, je m’occupe des dessins, d’organiser les séances photos et Michael écrit.

Il me donne des textes à relire et puis des fois, il y a des trucs que je ne sais même pas et des fois, je lui dis qu’il devrait rajouter quelque chose. En biomécanique, il me demande ce que j’en pense et je suis parfois obligé de le corriger sur certains domaines que je connais mieux que lui et lui connaît certains domaines mieux que moi. On est complémentaire et on travaille donc bien ensemble.

Frédéric Delavier : interview de légende
Frédéric Delavier - Michael Gundill

Michael Gundill : “Parce que nous n’avons pas du tout la même formation au départ, et au final, on en arrive un peu au même point. On a pris des chemins différents mais complémentaires.”

Frédéric Delavier : “Nous avons été aux mêmes endroits mais on ne faisait pas la même chose. Quand il faisait du bodybuilding, moi je faisais de la force.”

Je suis content de travailler avec lui. Quand on travaille avec Jean-Pierre Clémenceau, c’est sympathique aussi parce qu’en France, il est très adapté au public féminin.

Parce que si j’écris pour un public féminin, elles ne vont pas du tout aimer. Il y a une façon de parler que les femmes aiment bien. Moi, quand j’écris, à part les américains qui sont particulières, les françaises n’apprécient pas du tout mon travail en général.

Alors que les américaines veulent des gros bras. J’ai reçu des lettres en disant que j’avais oublié les bras, comme quoi, elles voulaient des bras. Alors que les françaises, par exemple, il ne faut pas leur parler de bras, vaguement de triceps si elles sont un peu molles. Les américaines veulent des grosses épaules, avoir l’air de Wonder Woman et les françaises non. Ce sont deux cultures différentes.

Je prépare donc un livre d’anatomie artistique parce que je suis beaucoup utilisé par les mecs qui font les effets spéciaux au cinéma. Tu vas sur les blogs des mecs qui font les effets spéciaux, du 3D, ils m’utilisent. Tous ceux qui travaillent sur Hulk, les X-men, à chaque fois qu’il y a des muscles à montrer. Parce que mes dessins sont travaillés dans tous les sens.

Alors que tu prends un bouquin d’anatomie, en général, c’est présenté comme un cadavre allongé avec les mains en supination alors que je représente mes dessins dans tous les sens. Les gars n’ont plus qu’à prendre mon dessin et à refaire leurs animations en 3D, voir quand il manque des fibres… Je suis aussi beaucoup utilisé par tous les mecs qui font les jeux vidéo.

Ils ne demandent pas avant d’utiliser mon livre. Je vois ça sur les blogs. Par exemple, dans World of Warcraft, un des concepteurs du jeu faisait l’éloge de mon livre en disant qu’il avait créé un des personnages à partir du livre, qu’il bossait avec.

Il avait un peu honte, c’est un français qui travaille là-bas. “C’est un livre de musculation et c’est quand même le meilleur que j’ai trouvé pour le dessin”, quand le mec dit ça, ça fait plaisir quoi.

Aux États-Unis, beaucoup d’écoles d’arts, on ne va pas dire toutes, ça ferait prétentieux, conseillent mon livre en anatomie. C’est pareil dans les écoles de Personal Trainer. Donc ça fait plaisir aussi.

Parce que comme j’ai une base de powerlifter, je connais toutes les techniques pour ne pas se blesser. Un powerlifter, c’est un mec qui passe sous des grosses barres et s’il fait un faux mouvement, il finit à l’hôpital. On apprend les bases en powerlifting, c’est-à-dire cambrer le dos, bloquer, pour le squat, le développé couché ainsi que le soulevé de terre, on apprend à bien se placer. Et ça, avec des dessins simples et en même temps complexes, facile d’accès, ça plait donc je suis pris par beaucoup d’écoles de Personal Trainer.

Michael Gundill : “Nous avions vu un mec qui bossait chez Keyser au salon de Paris (75). Il travaillait chez Keyser et était professeur d’université aussi. Et le mec ne croyait pas que c’était « Delavier ». Il disait que ce n’était pas possible. Et le mec utilisait le livre de Frédéric dans ses cours.”

Frédéric Delavier : “Pour en revenir à l’anatomie artistique, c’est pour tous ceux qui sont en école d’arts, qui sont infographistes, parce que je compte faire des grandes planches. Le livre sera assez grand mais ne contiendra qu’une trentaine de pages. On pourra le placer à côté de l’écran d’ordinateur ou quand ils étudieront des modèles, dans leur atelier, comme ça, ils auront quelque chose de facile à utiliser. Ils l’auront à côté, ils auront le modèle, ils auront leur travail, comme ça, quand ils ne trouvent pas un truc, ils ouvrent le livre en grand, ils le posent et ils travaillent. C’est aussi comme ça que je fais car j’ai une énorme dose de documentation.”

Frédéric Delavier : interview de légende
mon bureau

Il faut dire qu’en anatomie, j’ai racheté des livres qu’on ne trouve nulle part. J’ai des livres du 19e siècle qui valent un 4x4. Je les ai payés moins cher parce qu’à l’époque, ça valait moins cher que ça. On les trouve aux Beaux-Arts ou à la fac de médecine où on ne peut pas accéder comme ça.

Ce sont des livres qui sont vraiment très très bien. À l’époque, je les avais quand même payé 40 000 francs. Il y a dix tomes et c’est les meilleurs du monde parce que tous les mecs les ont ensuite copiés.

À partir du 19e siècle, nous avons eu Bourgery et Jacob en France qui étaient vraiment les meilleurs. Après, nous avons eu Richier, Arnould Moreaux, et tous les américains qui faisaient de l’anatomie artistique ont copié le Bourgery et Jacob ou le Richier ou l’Arnould Moreaux.

Mais à la base, c’était le travail d’une vie, celle de Bourgery et Jacob. Bourgery était le médecin et Jacob son illustrateur. Ils ont travaillé avec leur équipe pendant plus d’une vie puisque je crois qu’après leur mort, ça a été repris pour finir le travail. C’est un travail de titan avec tous les muscles et heureusement que j’ai ça.

Si je dessine si bien, c’est que j’ai eu accès à la culture française. Je reconnais à la France quand même une culture colossale, parce que la France de maintenant, je ne l’apprécie que moyennement, c’est-à-dire nos élites. Avant, nous avions des élites qui étaient vraiment bonnes et qui pensaient quand même à leur peuple alors que maintenant… pas trop.

J’ai eu des bons professeurs, sans compter que j’ai étudié Léonard de Vinci. Ces livres sont vachement bien, il ne fait pas que des dessins. Il était vraiment super fort.

Autrement, les américains sont pas mal aussi en anatomie. Ils ont récupéré pas mal de bons trucs. C’est-à-dire que dans les années 1930-40-50, ils avaient vraiment des mecs qui ont pillés l’Europe pour récupérer les meilleurs livres et qui les ont digérés, vulgarisés donc c’était bien aussi.

Autrement, il y a aussi les allemands qui ont récupéré des livres.

Maintenant, avec Internet, on peut les retrouver en PDF avec Google qui numérise tous les livres ce qui est formidable pour que tout le monde y accède.

9 - Le mot de la fin

Pour finir, j’aimerais dire que j’aime bien la communauté des bodybuilders, que ce sont des mecs bien en général, même si on se fout de leur gueule en France. Ce sont des gens qui s’intéressent à tout, ils aiment les gros muscles et alors, ce n’est pas bien grave.

Ce qu’ils aiment, c’est construire leur corps, alors ils vont s’intéresser à la physiologie, à l’anatomie, à la morphologie, à la nutrition et ça fait en fin de compte des gens cultivés et intéressants.

Parce qu’il n’y a pas que la performance, il y a aussi autre chose. C’est une communauté que j’aime bien et quand on voyage dans le monde entier, il suffit d’aller dans une salle de gym, de rencontrer des gars qui font de la musculation, qui peuvent être je ne sais pas quoi, balayeur, chef d’entreprise… Et tu te fais des amis partout, tu t’intègres.

C’est ce qui m’est arrivé. Je suis allé au Canada, je me suis intégré grâce aux salles de musculation. Quand je suis arrivé en Hongrie, je me suis intégré par la salle de musculation et vraiment, c’est une communauté. Il y a des cons comme partout mais en général, c’est une communauté de gens biens.

Salut tout le monde.

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